Les banques peuvent prendre nos maisons, pas nos voix. |
Interview de Nelini Stamp - Occupy Wall Street.
Propos recueillis par Julien Terrié
Comment le mouvement est-il né ?
Nous avons été inspiré par le printemps arabe, le mouvement du Wisconsin et le mouvement du 15 Mai espagnol. Le magazine de la fondation canadienne Adbuster a lancé cette idée d’occuper Wall Street, parce que ça avait déjà été fait pendant le mouvement «no shop» le black friday mais ils ne l’avaient jamais vraiment organisé.
Je n’étais pas avec eux, mais une poignée de militants autonomes se sont réunis en premier avec ce slogan, les 99% contre les 1%... C’est tout. ça a circulé sur facebook, sur les mails, on voyait ça partout et ça a pris. Il y a eu un appel large pour la date du 17 septembre, on a occupé les parcs, les lieux publics. Ce jour là, il y avait un millier de personnes, ce n’était pas beaucoup mais ça représentait quelque chose d’important pour le premier jour. La police a dit, «laissez les occuper, ils ne sont rien, ils sont mignons...» Il n’ont pas pris ça au sérieux. De notre côté on s’est assez vite organisé, on a eu dès le premier jour une liste des besoins du campement et des groupes de travail, le mien c’était «how wich» et c’est toujours mon groupe car je fais parti des organisateurs. On a mis en place rapidement le groupe média, le groupe «actions» tous le monde était prêt. On a programmé une manif dans la matinée du 18 septembre sans avoir bien planifié mais il y a eu du monde, on faisait deux assemblées générales par jour. C’était vraiment fort de voir naître ce phénomène qui est devenu le mouvement «Occupy». Dans le Wisconsin, le bâtiment du Capitole a été occupé pendant 2 semaines, ils faisaient beaucoup de bruit... tous les parlementaires démocrates ont fuis, ils devaient voter the «entire union bill» ils sont retourné dans leurs états, c’était assez fou. On a vu que la mobilisation pouvait réellement avoir du poids et Occupy WS est apparu quelques mois plus tard.
En quoi le printemps arabe et les indignés ont inspiré le mouvement. Sans eux ce ne serait pas arrivé ?
Aux états unis, nous avons beaucoup de contact avec le monde arabe donc le printemps arabe a eu une influence plus importante que le mouvement des indignés. Même les gens non politisés savait qu’il y avait des révolutions là bas, d’autres connaissait vaguement le mouvement indigné 15M... Moi même je cherchais où trouver des informations, comment vous occupiez les parcs et les places... Les syndicats ont joué un rôle, ceux qui nous ont aidé avaient des contacts internationaux très importants. Les syndicats, même s’il sont un peu bureaucratisés, sont importants historiquement dans les mouvement sociaux américains, ils représentent les plus opprimés réellement, les noirs, les pauvres.
Propos recueillis par Julien Terrié
Comment le mouvement est-il né ?
Nous avons été inspiré par le printemps arabe, le mouvement du Wisconsin et le mouvement du 15 Mai espagnol. Le magazine de la fondation canadienne Adbuster a lancé cette idée d’occuper Wall Street, parce que ça avait déjà été fait pendant le mouvement «no shop» le black friday mais ils ne l’avaient jamais vraiment organisé.
Je n’étais pas avec eux, mais une poignée de militants autonomes se sont réunis en premier avec ce slogan, les 99% contre les 1%... C’est tout. ça a circulé sur facebook, sur les mails, on voyait ça partout et ça a pris. Il y a eu un appel large pour la date du 17 septembre, on a occupé les parcs, les lieux publics. Ce jour là, il y avait un millier de personnes, ce n’était pas beaucoup mais ça représentait quelque chose d’important pour le premier jour. La police a dit, «laissez les occuper, ils ne sont rien, ils sont mignons...» Il n’ont pas pris ça au sérieux. De notre côté on s’est assez vite organisé, on a eu dès le premier jour une liste des besoins du campement et des groupes de travail, le mien c’était «how wich» et c’est toujours mon groupe car je fais parti des organisateurs. On a mis en place rapidement le groupe média, le groupe «actions» tous le monde était prêt. On a programmé une manif dans la matinée du 18 septembre sans avoir bien planifié mais il y a eu du monde, on faisait deux assemblées générales par jour. C’était vraiment fort de voir naître ce phénomène qui est devenu le mouvement «Occupy». Dans le Wisconsin, le bâtiment du Capitole a été occupé pendant 2 semaines, ils faisaient beaucoup de bruit... tous les parlementaires démocrates ont fuis, ils devaient voter the «entire union bill» ils sont retourné dans leurs états, c’était assez fou. On a vu que la mobilisation pouvait réellement avoir du poids et Occupy WS est apparu quelques mois plus tard.
En quoi le printemps arabe et les indignés ont inspiré le mouvement. Sans eux ce ne serait pas arrivé ?
Aux états unis, nous avons beaucoup de contact avec le monde arabe donc le printemps arabe a eu une influence plus importante que le mouvement des indignés. Même les gens non politisés savait qu’il y avait des révolutions là bas, d’autres connaissait vaguement le mouvement indigné 15M... Moi même je cherchais où trouver des informations, comment vous occupiez les parcs et les places... Les syndicats ont joué un rôle, ceux qui nous ont aidé avaient des contacts internationaux très importants. Les syndicats, même s’il sont un peu bureaucratisés, sont importants historiquement dans les mouvement sociaux américains, ils représentent les plus opprimés réellement, les noirs, les pauvres.
Quel est le profil «type» du militant «d’Occupy» ?
Il y a deux grandes catégories, ceux qui viennent du milieu radical ou qui sont inspirés par ça et les gens qui n’ont jamais eu d’action politique. Ceux qui se sentent capables de faire des actions radicales (les lois sur l’immigrations sont très dures pour ceux qui enfreignent la loi) font les actions. Ceux qui sont moins militants sont moins actifs mais ont un rôle important, ce sont eux qui propagent le message dans la «masse», les 99%. J’ai vu des anarchistes, des communistes, des socialistes ou en tout cas qui d’identifie à ces courants de pensée. J’ai vu aussi des conservateurs que les banques ont plumé jusqu’à ce qu’ils perdent leur maison. On reste assez ouverts, parce que les lignes entres libéraux conservateurs ou je ne sais comment les appelés sont en train de bouger; on mets tous ceux qui sont atteints par la crise sous la coupe des «pauvres», des «99%» et ceux qui partagent nos analyses sont les bienvenus.
Quels éléments peuvent caractériser le mouvement ?
C’est drôle mais je n’arrive pas à synthétiser en quelques mots. J’ai vu pas mal de mouvements avant à New York mais ils étaient beaucoup moins massifs, moins coordonnés, touchant moins profondément la société, les communautés. Par rapport aux autres mouvements on a aussi des choses qui sont plus claires, les institutions que nous voulons transformer, les alternatives que nous voulons construire. Un chose importante, ce sont les inorganisés qui se joignent massivement, ça ressemble un peu au mouvement des droits civiques avec d’un côté les black panters très militants, radicaux, dans la rue et de l’autres les mouvements pacifistes, protestants. On arrive à mettre toute la société américaine en mouvement avec les thèmes de l’écologie, le féminisme, la lutte contre le patriarcat et on analyse ces problèmes de fond en les liant autour de la critique du capitalisme. Pour la première fois aux états unis on peu se dire «anticapitaliste» et c’est devenu légitime. Aucun homme politique ne peut plus parler de «Capitalisme», c’est devenu un gros mot. C’est quand même assez énorme que ceci arrive aux USA. On est en train de changer les bases de la narration dominante, c’est juste incroyable !
Quelles ont été les actions principales, quelles sont les stratégies, les tactiques du mouvement ?
Au début, on manifestait tous les jours. Tous les matins à l’heure de la cloche qui signale le début des marchés, on bloquait la rue pour que les travailleurs de la bourse ne puissent pas arriver. Tous les jours à 8.00 pendant 2 heures... et pareil pour la cloche de fin à 20h. Nous voulions concrètement déranger le fonctionnement du Marché. Mon action préférée a été pendant le 15 octobre, à l’appel des indignés, c’était une journée internationale mais c’était plus que ça, c’était une célébration. On a visé plusieurs cibles selon les thèmes que l’on avait choisi «breack down», l’écologie, l'éducation, le travail... Il a fallu beaucoup d’Assemblées pour préparer ça Et on s’est tous rejoint à Time square qui est le symbole mondial de la société de consommation. Il y a eu une énorme manifestation et c’était fantastique. On ne voit pas souvent des manifs avec des gens qui dansent, des gens qui chantent, c’était nouveau et différent des manifs traditionnelles américaines, il y avait même des groupes de musique dédiés aux manifs. Le 6 décembre, on a installé des familles dans les maisons saisies, elles sont restées 2 mois, on s’est battu contre les banques pour qu’elles restent. On a installé des familles dans les banques aussi. On a mis des panneaux «saisie» sur les banques... Oui, on aime bien prendre les banques pour cible.
Quelles sont les perspectives après les occupations de parcs ?
Nous sommes en train de mieux nous structurer et nous coordonner. Parce que le processus d’assemblée générale est très compliqué et ça peut devenir trop localisé. Comme y participe des communautés les AG peuvent se concentrer sur des enjeux très localisés. Et parfois il y a des discutions trop complexes où les nouveaux ne peuvent pas s’insérer. Or, nous voulons avoir les 3 échelons, le local, le national et l’international en permanences dans les discussions et les prises de décision. Nous sommes dans une phase d’évaluation pour continuer à rassembler encore plus de monde et fonctionner de manière plus fluide.
Nous pensons à d’autres actions comme occuper des usines, reprendre d’autres espaces en fonction des volontés et des capacités que nous avons. Nous avons comme objectif de lancer un grand «printemps d’Occupy» et peut être un été... Nous pensons que les étudiants vont être encore plus présents car l’endettement devient critique pour eux d’autant plus qu’ils ne trouvent pas d’emplois et ne peuvent plus rembourser. Bon, pour moi qui vit à Brooklyn dans les communautés, ces choses sont quotidiennes depuis longtemps mais comme la classe moyenne vit la même chose que nous on se sent tous de la «working class», cette question des classes est au centre des discussion, pourquoi y a t-il des classes dans cette société, à quoi ça sert ? C’est assez bien en fait que les problèmes arrivent aux classes moyennes aussi, parce qu’il y avait une idée bien encrée, c’est que le capitalisme protège les classes moyennes. On a un vrai enjeu dans la mobilisation de la classe moyenne si pour nous et pour eux le capitalisme ne fonctionne plus alors tout le monde doit dire «non» ensemble. On veut commencer ce «printemps» de mobilisations le 1er mai mais beaucoup disent, je ne peux plus attendre. L’idée de retirer l’argent des banques ou de boycotts massifs est une chose que l’on étudie aussi, ça a été déterminant dans le mouvement des droits civiques. On veut réellement commencer à bâtir des alternatives à la finance aussi.
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